Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/325

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des mariniers flâneurs, assis aux bordages de leurs canots tirés à sec, fumaient de rudes tabacs sardes, humaient le temps, lézardaient ; d’autres étalaient sur les cailloux de vagues requins à la mâchoire crénelée. — Venez voir, clamaient-ils, le grand coquin de la mer !  —L’embrun avait durci leur cuir, une odeur de poisson fumé et d’huile frite les boucanait ; et l’imagination de Robert aimait à leur prêter des âmes robustes de flibustiers, en dépit des sous qu’ils quémandaient.

Nice fut’pour Robert un parfait résumé du monde. Des aspects inaperçus dans la ronronnante et laborieuse allure parisienne l’y retinrent. Laissé sur cette côte, il avait la sensation d’y toucher un des points d’arrivage de l’humanité où la foule se bigarre, comme sur les paquebots, de rapprochements imprévus ; il avait l’occasion d’y apprécier la variété des choses. Mais cela ne le passionnait pas autrement. Cependant il se laissait vivre, sans devoir et sans animation, curieux, frileux, encore.


Le marché aux fleurs l’attirait dès le matin. Il y flânait.