Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/327

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aux mirages, il s’évadait de l’humanité inquiète, se rapprochait d’un autre état ; après la vie traversée, touchée dans sa profondeur, il allait enfin se posséder : plus de serments arrachés, plus de credo, plus d’évangiles ; véritablement lui-même, en dehors des sociétés, des coteries et des groupes, des hypocrisies et des songes, dans la sublimité du renoncement à l’avenir, dans l’ivresse de la jouissance totale et toujours présente. — Ah ! n’être plus que le rayon traînant sur la mer étalée, la force du monde, l’éternité, le tout !


Les ombres de Paris s’estompèrent, se perdirent. Son amour s’éthérisait, n’était plus qu’une exaltation spirituelle ; sa volonté s’infinisait, se perdait, s’identifiait à la rougeur des couchants, au poudroiement des azurs tièdes, à l’éclat diamantaire des étoiles.

À Nice, il prenait conscience de son but et de sa fin parmi les dénouements de tant de destinées. Les blessures de son âme trop sensible se cicatrisaient. Passé le temps où la lecture d’un journal ou d’un discours officiel l’enfiévrait d’indignation ! Plus d’efforts douloureux