Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/328

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et vains, plus de colères et de réconciliations, plus de ridicules : du calme, le sommeil sans rêves.

La ville lui plaisait comme reposoir et comme halte, dénuée de tout autre caractère.

La foi nécessaire aux révoltes l’avait abandonné ; il guérissait de l’espérance chronique : il sentait le bonheur éternel des pierres au soleil.

Et des jours passèrent ainsi, coupés de promenades, de lectures et de rêveries.


Les cafés et leurs orchestres viennois, les promenoirs attitrés du Casino et de la Jetée, encore qu’il s’en dégageât la lourde tristesse des lieux de plaisir, affichaient un train trop carnavalesque et bousculé pour qu’il s’y attardât. Il mangeait dans des restaurants de la vieille ville avec les portefaix et les nervi, et surprenait en ses sensibilités obscures l’âme ruffiane de la cité.

Les livres de Meyrargues ? il ne les ouvrait guère, à l’exception d’un seul — celui de Herzen.

Les imaginations du précurseur nihiliste, sa philosophie de l’histoire, son esprit alerte et