Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/34

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Les quelques milliers de francs qu’il avait hérités suffisaient à sa frugalité. — Il n’avait pas songé à les placer sur l’État, mais sur sa propre destinée ; et le placement eût été judicieux si seulement il avait voulu être quelque chose. Mais il ne se souciait que d’être meilleur.

Accointé par Meyrargues à des coteries littéraires, il utilisait ses connaissances linguistiques et la fraîcheur de son esprit critique au service des idées nouvelles, et contribuait pour sa bonne part au mouvement international qui s’annonçait dans les jeunes revues françaises.

À vingt-trois ans, mince, presque imberbe, il avait des gaucheries et des pudeurs, redoutait les faciles conquêtes et les amitiés banales ; sensible à l’excès, goûtant toutes les nuances des mots, né aux aventures et aux complications des âmes sentimentales, il avait éduqué sa nature et l’empêchait de se répandre : un être intéressant, tout en force intérieure.

À l’ordinaire, il se masquait de parades froides, et soudain s’emballait, cédait à la fougue de son sang. Cependant il détestait les cris, les excès