Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/35

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et la noce, la buverie de Montmartre, la sauvagerie du quartier, le débraillé démagogique.

Son cerveau lucide répugnait aux ivresses lourdes, mais un mysticisme généreux pouvait obscurcir ses vues. Il aimait la vie et ne savait pas s’en faire une raison pratique ; il croyait à la volonté et ne savait pas vouloir le possible, le tout proche ; il détestait le monde médiocre d’une haine d’ange et n’avait aucun goût pour le bonheur. En somme, un être charmant et dangereux, brûlé d’une phtisie morale, corrompu par trop d’ardeur et de chasteté, manquant des vices nécessaires.

Sa cigarette lui grillait les ongles, il la jeta d’une chiquenaude et s’amusa de la voir fumer encore, trop sèche, s’éteignant comme une mèche. D’un regard lent, noyé, un peu félin, d’une respiration courte, il s’imprégnait de l’air du café. Cependant les consommateurs, fronts épais et nuques congestionnées, continuaient à patauger dans leur vacarme sous l’œil doux et voilé de ce petit homme effacé. Et lui se disait qu’il pourrait faire cesser ce bruit ; il se sentait