Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/36

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étranger à eux ; il leur découvrait des tares et des laideurs incurables, comme ce solitaire des écritures orientales qui s’aperçut au sortir d’une méditation hautaine que tous les hommes qu’il rencontrait avaient des têtes d’animaux. Ces boursicotiers, manilleurs, placiers, bookmakers lui barraient l’horizon ; les boissons frelatées, les mangeailles et les filles de beuglant suffisaient à leurs appétits ; ils étaient l’obstacle. Au-dessous le peuple misérable, au-dessus les patrons insolents, triomphateurs, mais logiques ; et tout choc impossible, tout contact, toute électricité révolutionnaire empêchée par la masse moyenne amortissante. Ceux-là n’étaient pas le peuple, la sainte misère humaine, ils étaient le peuple souverain, la démocratie ; indifférents à toute idée, à tout sentiment chaste ; seules les criailleries politiques, les ribotes du patriotisme et les « bêtises » pouvaient les émoustiller.

Un pli de braverie tordait la lèvre de cet adolescent au cœur de qui la pervenche bleue s’était fanée ; dans une rage d’amant trahi, ami du peuple il détestait les foules. — Oui, Vaillant s’était trompé en apeurant les députés ;