Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Il me suffit, continua M. Vignon, que vous soyez neutre, que votre esprit ne soit pas gâté par des cadences trop connues et des ritournelles. Vous entendrez donc ma musique, et, si vous n’y comprenez rien, ce sera votre punition et ma vengeance. Maintenant vous m’appartenez. Ma femme et ma fille m’attendent à la maison ; je veux dire qu’elles attendent le dîner. Bon ! je leur amène un convive.

— Et que diront-elles ?

— Elles y sont habituées : Mme Vignon sera très digne.

— Mais rien ne presse… un autre soir. Le musicien se leva vexé.

— Vous ne me ferez pas cette injure. Ce soir ou jamais, entendez-vous. Partons ! Ils sortirent.

Des gens passaient, mimes en deuil, se silhouettant dans la brume rouge des lampadaires, au reflet des vitrines illustrant le soir neigeux ; des filles parfumées, à la chair mate, au chignon d’or tordu, au masque de céruse blessé de lèvres rouges et voraces, les croisaient,