Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/47

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sans un regard vers eux, et montaient l’escalier des restaurants.

Ils s’engagèrent sur la pente de Montmartre.

La chevauchée des fiacres se perdait ; la ville se résignait ; une odeur de cave suintait des murailles. Ils marchaient sans se hâter, Robert, redoutant une désillusion, enveloppé dans sa cape frileuse, les nerfs roidis sous la piqûre du grésil, M. Vignon, le manteau battant, intrépide, chauffé d’une flamme intérieure, parlant haut, avec le sentiment d’être en bonne fortune.

Que de fois, par maintes coquetteries, n’avait-il pas convié ainsi des pauvres, des inconnus ! Il les avait assis à son foyer, et, devant leurs yeux clignants, leur cerveau trouble, il avait dressé les fresques héroïques de sa musique pour leur communiquer un frisson d’enthousiasme, les enlever de terre, les ravir dans un coup d’aile ; mais leur chair lourde n’avait pas tressailli, leur cœur ne s’était pas épanoui : tristes rencontres !

Serait-ce qu’il n’avait pas le don, l’étincelle cornmunicative ?