Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/57

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et n’admettait le papillon de gaz que dans son cabinet.

Une grande horloge à coffre et à balancier marquait le calme des heures. Peu de meubles, un plancher nu ; mais la nappe était blanche et Laure en corsage clair servait la soupe. Un sentiment joyeux emplissait la petite pièce ; une intimité montait des assiettes pleines.

Le repas fut léger, un prétexte à s’asseoir ensemble et à communier des mêmes paroles et du même pain, sans constater le fait. Mme Vignon avait certaines façons du monde, des tours confidentiels et précieux. Laure point embarrassée, amusante et chez soi, cherchait à aiguiller Robert sur quelque pente de discussion ; mais celui-ci parlait peu et s’abandonnait au charme de cette soirée inattendue.

Une cordialité prenante émanait de ces braves gens qui s’aimaient et savaient être aimables ; à leur table, Robert ne se sentait point étranger ; et c’était pour lui, si réfractaire aux sympathies soudaines, un sentiment neuf et délicieux, un repos — quand donc avait-il connu cela ?  —, un rappel d’enfance, la chaleur retrouvée du giron maternel. Et voilà qu’il pensait à cette fois lointaine