Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/59

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celui des flammeroles dansantes de la cheminée qui tirait mal.

M. Vignon parla beaucoup de Wagner, sans pédantisme, comme d’un qu’on a connu, et rappela que dans les années quarante, le musicien de Rienzi s’était lié d’amitié avec son père, Claude Vignon :

— Il venait souvent à la maison, il y passait des heures, partageait notre vie, nous élevait à la sienne ; je le vois encore accoudé à la fenêtre, les soirs d’été, le front dans sa main, écoutant la rumeur de Paris. Mon père lui avait procuré des orchestrations pour un petit théâtre… Et nous avons aussi copié de la musique.

— Comme Jean-Jacques.

— Quand Wagner revint à Paris, quelque vingt ans après, j’assistai à ses répétitions. J’étais marié depuis peu. Un soir, il monta chez nous… Vous vous en souvenez, Jeanne-Marie ?

— Oui, mon ami. Il nous dit qu’il venait d’ajouter une scène à son opéra et nous la joua.

— La « bacchanale ». Comme il était sûr de lui-même ce soir-là ! Un enthousiasme divin l’exaltait. Nous avons causé longtemps, là,