Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/66

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à venger, mais ne voulait point s’avouer que ce fût là une faiblesse. Il plaignait Laure pour ne pas avoir à s’interroger lui-même, et s’attendrissait bêtement comme au spectacle d’une prise de voile.

Pendant cette mauvaise digestion sentimentale, M. Vignon furetait, bavardait :

— Richard Wagner, voyez-vous, s’est moins enquis de l’art que de l’art dramatique.

— Chantera-t-elle Mélusine ? pensait Robert, et la mère chantera-t-elle aussi ? et lui-même ? Oh, ce sera très allemand, tout à fait maître de chapelle.

— Vous aimez le théâtre ?

— Médiocrement.

— Pourquoi ?

— Au théâtre, je suis mal à l’aise, l’atmosphère m’y est déplaisante, j’y ai l’impression du vide ou de l’étouffement.

— C’est cela : des personnages discourent et s’enfièvrent, cependant vous n’êtes pas ému. C’est que la parole est insuffisante ; et quant à la gesticulation passionnée, si ridicule déjà dans la vie, passons ! Il importe donc que le fond d’un caractère nous retienne par une sorte de sympathie et