Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/68

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mais oui, c’est une petite pianiste ; elle rapporte à la maison ; sa meilleure élève est une cocotte de la rue de Moscou qui se flatte d’entrer aux Bouffes : trois heures de solfège par semaine. On veut ici du confortable, vous entendez, et ce n’est pas avec mes deux cents francs qu’on pourrait y arriver. Moi, je n’ai pas pris d’élèves ; je n’ai pas le temps. J’ai encore une autre fille, mais n’en parlons pas ; celle-là a mal tourné ; elle a donné dans le mariage ; elle épousa un brave ouvrier… Elle avait aussi des idées sur la noblesse du travail, des idées à la George Sand…

Du dos de la main il lissait la couverture de Mélusine épigraphiée de Jean d’Arras.

— Ah, si je voulais monnayer mon effigie…

Il ricanait, comme au café, devenait inquiétant.

— Nous aurions un salon, un vrai, et des réceptions ; ma femme prendrait un jour ; vous verriez comme elle se tiendrait ; et ma fille ! Des journaux publieraient aussi mon portrait, et M. Mariani m’enverrait du vin de coca. En laissant pousser mes cheveux j’aurais du caractère. Qui sait ? il y a peut-être des