Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/70

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Il s’arrêta, fixa Robert d’un œil pénétrant, presque malin, et reprit :

— Vous trouvez que ce n’est pas clair ? attendez : il faut plaire. Vous pensez que j’ai tort de faire souffrir ma femme et ma fille… Et qui vous dit qu’elles souffrent ? Laure a été demandée trois fois en mariage — des partis sortables. Elle a refusé, elle a préféré rester avec moi ; nous vivons en parfaite communion d’idées. D’ailleurs Mme Vignon espère toujours que je me laisserai toucher ou qu’on me jouera de force… Eh, eh ! des éditeurs, des directeurs et des chanteurs — que de chanteurs !  — sont venus déjà frapper à ma porte : « Quand nous donnerez-vous cette Mélusine dont on parle tant ? » — car on en parle un peu…

— Et qu’avez-vous répondu ?

— Je leur ai tapé sur l’épaule. Ils me croient toqué, les pauvres ! Non, monsieur, je suis heureux et n’irai point compliquer ma vie en me mettant entre les pattes de ces gens-là, qui me tortureraient et me tueraient, comme ils en ont tué d’autres.

Robert était blessé par tant d’orgueil et de naïveté. Ainsi ce bonhomme nerveux se