Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/94

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est anonyme, consentie par tous. — Il souffrait ; il savait que son courage tomberait ; il avait déjà parcouru du chemin ; mais, à travers le monde, c’était, pour lui, toujours le même paysage de misère, le même horizon de désolation. Il a regardé le ciel. Hélas ! la profondeur glacée des nuits d’hiver et l’harmonie des étoiles qui chantent dans le sombre azur ne lui ont pas appris la sagesse du mage, qui se réfugie dans l’univers de son cœur, mais le mépris de la poussière humaine. Il a voulu donner un but à sa vie — il a cru qu’il y avait un but — ; il a entendu des voix ; il s’est dit orgueilleusement qu’il devait venger ses frères et mourir pour les racheter… Il a eu les fièvres…

— Sa maîtresse est sourde, remarqua Meyrargues, elle est usée par le travail, elle prise et boit, disent les reporters.

— Des croquants !

— Le soir, il lui criait son amour, après les fatigues, et, dans cette blonde trop tôt fanée, à la peau molle, aux cheveux rares, aux yeux humides, c’était le peuple qu’il aimait ! Ces baisers de misère devaient l’exalter puissamment…