Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/95

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— Pourquoi tout rabaisser ? Ne pouvait-il aussi bien se passionner pour la liberté, dit Brandal. La preuve que Vaillant comprenait que l’autorité est la source de tous nos maux, c’est son attaque peu équivoque aux représentants du pouvoir.

— La bombe est autoritaire, remarqua Meyrargues.

— Qui donc est libre ? dit Marchand. Quel est celui qui a rompu complètement avec le monde, avec les sentiments ? Il y a les femmes, la vie, la famille, les amis, et tant de considérations dont on ne peut faire fi… que par sécheresse de cœur.

— On peut avoir connu ces joies, dit Meyrargues, et les dépasser, en chercher d’autres, aller plus loin. Toute jouissance est une destruction ; la destruction consciente, la grande négation sans bornes, l’ivresse de la nuit définitive, c’est peut-être la plus haute jouissance ! Ne rien espérer, ne rien craindre et s’anéantir, c’est peut-être se posséder éternellement dans une minute supérieure au temps. Mon âme n’est point capable de ces mouvements, mais je les comprends. Pour ma