Page:Barruel - Mémoires pour servir à l’histoire du Jacobinisme, 1803, t1.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(viij)

présente des illusions à dissiper, qui peuvent redoubler le fléau à l’instant même où elle s’enPremiere erreur à dissiper sur la cause de leur révolution. croira délivrée. Nous avons vu des hommes s’aveugler sur les causes de la Révolution Françoise ? Nous en avons connu cherchant à persuader que toute secte révolutionnaire et conspirante, avant cette Révolution même, n’étoit qu’une secte chimérique. Pour ceux-là, tous les maux de la France et toutes les terreurs de l’Europe se succèdent, s’enchaînent par le simple concours de circonstances imprévues, impossibles à prévoir. Il leur semble inutile de chercher des complots et des agens qui aient ourdi la trame et dirigé la chaîne des événemens. Les acteurs qui dominent aujourd’hui ignorent les projets de ceux qui les ont devancés ; et ceux qui les suivront ignoreront de même les projets de leurs prédécesseurs.

Préoccupés d’une opinion si fausse, remplis d’un préjugé si dangereux, ces prétendus observateurs diroient volontiers aux Nations diverses : Que la Révolution Françoise ne vous alarme plus. C’est un volcan qui s’est ouvert, sans qu’on puisse connoître le foyer où il s’est préparé ; mais il s’épuisera de lui-même, avec son aliment, sur les contrées qui l’ont vu naître. Des causes inconnues dans vos climats, des élémens moins propres à fermenter, des lois plus analogues à votre caractère, la fortune publique mieux assurée, vous annoncent que le sort de la France ne peut pas devenir le vôtre ; et si vous deviez un jour le partager, en vain chercheriez-vous à l’éviter. Le