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nère pas un grand peuple sans de grandes secousses ; mais qu’enfin les tempêtes ne sont pas éternelles : que les flots s’appaiseront et que le calme renaîtra ; qu’alors les Nations étonnées d’avoir pu redouter la Révolution Françoise, n’auront qu’à l’imiter, en s’en tenant à ses principes.

Cette erreur est sur-tout celle que les coryphées des JacobinsSeconde erreur sur la nature de leur révolution. s’efforcent le plus d’accréditer. Elle leur a donné pour premiers instrumens de la rébellion toute cette cohorte de Constitutionnels, qui regardent encore leurs décrets sur les droits de l’homme comme un chef-d’œuvre de droit public, et qui ne perdent pas encore l’espoir de voir un jour tout l’univers régénéré par cette rapsodie politique. Elle leur a donné un nombre prodigieux de sectateurs, dans cette espèce d’hommes plus aveugles encore que furieux, que l’on auroit pu prendre pour honnêtes gens, si la vertu pouvoit se combiner avec tous les moyens de la férocité, dans l’intention seule d’un avenir meilleur. Elle leur a donné tous ces hommes dont la stupide crédulité, avec toutes ses bonnes intentions, ne voit qu’un malheur nécessaire dans les horreurs du dix Août, et dans la boucherie du deux Septembre. Elle leur donne enfin tous ces hommes qui encore aujourd’hui se consolent de trois ou quatre cent mille assassinats, de ces millions de victimes que la guerre, la famine, la guillotine, les angoisses révolutionnaires ont coûtées à la France ; tous ces hommes qui en-