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de l’Impiété. Chap. I.

de nos hommages par ses victoires et sa tactique au champ de Mars, que par des soins consacrés à donner à ses peuples, à l’agriculture, au commerce, aux arts une nouvelle vie, à expier en quelque sorte, par la sagesse et la bienfaisance de son administration intérieure, des triomphes peut-être plus éclatans que justes. L’autre est le personnage qui pouvoit le moins s’allier à la sagesse et à la dignité d’un Monarque, le pédant philosophe, l’allié des Sophistes, l’écrivailleur impie, l’incrédule conspirateur, le vrai Julien du dix-huitième siècle ; moins cruel, mais plus adroit et tout aussi haineux ; moins enthousiaste et plus perfide que le Julien si fameux sous le nom d’Apostat.

Il en coûte à l’Histoire de révéler ces ténébreux mystères de l’impie couronné ; mais il faut bien qu’elle soit vraie et qu’elle dise spécialement ici toute la vérité. Il faut bien que les Rois de la terre sachent la part qu’ont eue leurs collègues à la conjuration contre l’Autel, pour qu’ils sachent d’où vient la conspiration contre leur trône.

Frédéric eut le malheur de naître avec l’esprit dont il pouvoit le plus aisément se passer, avec celui de Celse, et de toute l’école des Sophistes. Il n’eut auprès de lui ni des Tertulien ni des Justin capables d’éclairer ses recherches sur la religion, et il s’entoura d’hommes qui ne savoient que la calomnier. Encore Prince Royal, il étoit déjà en commerce de lettres avec Voltaire ; il disputoit déjà avec lui sur la métaphisique et la religion. Il se croyoit déjà grand philosophe, en mandant à Voltaire : « Pour vous parler avec ma franchise ordinaire, je vous avouerai naturellement que tout ce qui regarde l’homme Dieu ne me plaît point dans la bouche d’un philosophe, qui doit être au-dessus des erreurs populaires. Laissez au grand Corneille, vieux radoteur et tombé dans l’enfance, le travail insipide