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Le bateau aborde tout doucement le long des quais ; on met la passerelle, et, chacun avant de se séparer, regarde son voisin avec un dernier sourire.

Notre voyage ne compte plus dans nos plaisirs à venir ; il est déjà dans le domaine du passé.

Quoi ! si tôt fini !


Lundi, 18 juin.

La saison est arrivée où l’on promène, par les rues, les gentils bébés, dans leurs petites voitures capitonnées bleu, rouge, ou rose.

Je les rencontre tous les jours, par douzaines, les jolis chérubins, un peu pâlots, comme les enfants des villes, mais l’air si content d’être au dehors, et les yeux émerveillés de tous ces horizons nouveaux qui s’ouvrent tout à coup pour eux.

Les mères, qui confient la surveillance de ces créatures si frêles, si inconscientes du danger, sont-elles toujours sûres des mains auxquelles elles confient leur précieux dépôt ?

Je ne le crois pas, et je suis bien aise d’attirer l’attention des parents sur ce sujet.

Hier encore, en cheminant sur la rue Ste Catherine, je voyais venir devant moi, une voiture d’enfant, que conduisait une bonne à mine évaporée.

Ce détail m’avait échappé d’abord, occupée que j’étais d’admirer le gracieux occupant de la voiture.

Le joli enfant, pensai-je, en regardant ce minuscule visage, qu’encadraient les neigeuses dentelles de son bonnet.

Des mèches de cheveux blonds frisottaient sur son front et formaient comme une lumineuse auréole à ce ravisant petit ange, mais ses paupières étaient appesanties par le sommeil, et sa jolie tête se mit à dode-