Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/224

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La plupart du temps, les bébés sont mal installés sur les coussins, le moindre cahotement les rejette en avant ou trop en arrière, et ils gardent ces positions gênantes tout le temps que dure la promenade.

Les capotes des voitures ne sont, aussi, presque jamais disposées de manière à intercepter les rayons d’un soleil trop ardent, ou à défendre contre la violence du vent ; la majorité des bébés sont là, clignotants et fatigués par la lumière éclatante et la chaleur, ou transis et bleuis par la bise trop forte.

Je me demande encore pourquoi on choisit de préférence, pour ces promenades, les rues les plus fréquentées, quand la quantité de poussière, soulevée par le va-et-vient de la foule et des voitures, est rien moins que salubre aux poumons délicats fonctionnant dans cette atmosphère dangereuse.

Ne vaudrait-il pas mieux aller dans quelque parc, ou dans quelque autre endroit à l’abri du tumulte, où l’air est libre et, partant, plus sain ?

Je crois que cet arrangement ne fera guère l’affaire des bonnes, mais les mères auront à choisir entre le bon plaisir de ces dernières et la santé de leurs mioches.

La saison de l’été est assez critique pour ceux-ci, sans que la besogne de la mort soit rendue plus aisée par un traitement de ce genre.

Il est pénible de constater le nombre d’enfants qui meurent, chaque été, à Montréal.

Aussi bien, dans quelque rue que vous alliez, tous les jours, vous voyez flotter aux portes, ici et là, les longs rubans blancs annonçant le départ pour le ciel de ces anges.

Et, parmi ceux que vous rencontrez sur votre chemin, pas un qui ait sur ses joues cette couleur fraîche et vermeille dont font montre les robustes enfants de la campagne.