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Je lui parlerai de sa délicatesse, de sa sensibilité exquise, de son dévouement sans bornes.

Je lui apprendrai à la respecter, à lui rendre les égards qui lui sont dus, à l’aimer surtout… Car la femme a besoin qu’on l’entoure d’une atmosphère de chaude tendresse, qui est aussi nécessaire à sa vie que l’air qu’on respire.

Chez elle, tous les sentiments sont profonds, et c’est la froisser dans ce qu’elle a de plus cher que de la croire superficielle, légère ou variable.

Inconstant ? qui l’est le plus, de lui ou d’elle ?

L’homme « de nature, si ondoyante et si diverse, » est un être singulièrement complexe.

C’est un mélange extraordinaire de force et de faiblesse, de détermination et d’irrésolution.

« Ma fille, disait le vieux missionnaire à Atala mourante, connaissez-vous le cœur de l’homme, et pourriez-vous compter les inconstances de son désir ? Vous calculeriez plutôt le nombre de vagues que la mer roule dans une tempête… »

Qui a écrit que l’amour était toute la vie d’une femme, et qu’il n’était qu’un incident dans la vie d’un homme ? Rien de plus vrai.

Quand une fois la femme aime sincèrement, elle ne respire plus que pour l’être aimé ; les attentions qui lui viennent d’autre part l’irritent le plus souvent ; elle ne veut rien accepter ni rien donner qu’à celui là seul qui a reçu sa foi et qui l’absorbe tout entière.

L’homme, lui, distrait par les mille occupations qui l’attirent au dehors, est loin d’être aussi exclusif.

D’ailleurs, ce n’est pas dans sa nature ; même tout en restant fidèle, son esprit se laisse facilement prendre à un sourire engageant, à un beau minois qui passe.

Et quand surtout on flatte sa vanité, comme il se laisse facilement engluer ! car ce n’est au fond qu’un grand enfant.