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tions testamentaires l’emploi de leur remarquable et splendide collection d’œuvres d’art.

MM. de Goncourt ordonnent que vente en soit faite et le produit destiné à la fondation et au soutien d’une académie, où douze jeunes écrivains, choisis parmi ceux dont les écrits promettent le plus, seront installés confortablement, logés, chauffés, entretenus au frais des fondateurs.

Là, dans le calme et le recueillement, les heureux élus pourront donner libre coursa l’inspiration ; développer et laisser mûrir les richesses de leur intelligence, sans être obligés de sacrifier, dans un travail hâtif, les plus belles productions de leur esprit pour se procurer le pain nécessaire à leur subsistance quotidienne. Les deux frères, Edmond et Jules de Goncourt, ont eu cette touchante prévoyance en voyant autour d’eux des nouveaux venus supérieurement doués, céder sous l’aiguillon du besoin, se hâter outre mesure ou abandonner pour un morceau de pain des œuvres promises à la célébrité.

Et quels étaient alors ces sujets distingués qui avaient si fort excité les sympathies de MM. de Goncourt, et qui peinaient durement dans le terre à terre du journalisme.

Des noms comme Émile Zola, Théodore de Banville, Flaubert et Alphonse Daudet.

Des protégés futurs des de Goncourt, deux ont déjà disparu de la grande scène de la vie : Théodore de Banville et Flaubert.

Tous, cependant, ont fait leur marque et sont arrivés au sommet de la renommée, sans avoir eu d’autres secours de MM. de Goncourt que leurs bonnes intentions.

Ainsi, ce sont des hommes d’une autre génération, avec d’autres goûts, d’autres idées, d’autres méthodes littéraires, peut-être, qui bénéficieront de la générosité des bienfaisants donateurs.