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Il sera intéressant de suivre les débuts de cet institut d’un nouveau genre, et bien des vœux seront faits pour que le succès vienne couronner les premiers essais de cette œuvre philanthropique.


Lundi, 18 juillet.

J’ai un gros chagrin depuis hier.

Un chagrin immense qui me pèse sur le cœur, sur la tête et sur les épaules.

Ce n’est pas un diable bleu, — est-il bien sûr, par parenthèse, que le diable soit bleu ? — qu’on peut secouer quand on veut, sortir, promener et amuser, mais une horrible sensation que rien ne sait me faire oublier.

Par exemple, si vous me demandez la cause de tout cet émoi, si votre âme sympathique, voulant s’affliger avec la mienne, veut savoir le malheur qui a fondu sur moi, ma foi ! je ne le sais pas trop bien moi-même. Cependant, comme je m’attends à toutes les calamités à la fois, je n’en suis pas moins à plaindre.

Figurez-vous que c’est une bonne action qui m’a valu tout ce mal. Ce n’est pas très encourageant, vous l’avouerez.

En sortant de la petite église de Bonsecours, un pauvre vieux, à longue barbe blanche, appuyé sur son bâton, l’air vénérable comme un Benoit Labre, et plus propre que lui, — du moins s’il faut en croire les traditions, — me tendit silencieusement sa petite sébile en ferblanc.

Il faut que je confesse mon faible pour les vieux mendiants.

Les infirmités pour moi n’y font rien. Qu’il soit bancal, tortu, bossu, cela m’attendrit peu, je l’avoue, tant que le sujet n’a pas doublé le cap de la soixantaine.