Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

formules aristotéliques, si elle est en acte, ou si elle est en puissance. Ces deux nuances de l’Être sont essentiellement distinctes ; il faut les démêler, sous peine de commettre les plus graves erreurs. On prendrait alors le réel pour le possible ; et réciproquement, le possible pour le réel. Quand une chose est actuellement, elle a une existence réelle ; elle est ce qu’elle est. Au contraire, quand elle n’est qu’à l’état de possible, quand elle n’est qu’en puissance, on ne peut pas dire positivement qu’elle est ; mais on ne peut pas non plus dire positivement qu’elle n’est pas. Possible, elle peut également et indifféremment être ou n’être pas. Le possible Est, quand, sortant de la simple puissance, il est devenu quelque chose ; mais il n’Est pas, tant qu’il reste à l’état de possible. C’est précisément cette existence équivoque, et homonyme, du possible, qui est ce qu’on appelle le Non-Être, si cher aux Sophistes, à qui Platon le laisse en pâture. Le Non-Être n’est pas le néant, le rien, comme on l’a cru plus d’une fois ; le Non-Être, c’est le possible, qui tout ensemble Est, s’il se réalise ; et qui N’est