Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/133

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Aristote et Descartes cherchent avec la même ardeur le fondement de la certitude, et tous deux le placent également dans l’évidence. Pour Aristote, c’est le principe de contradiction ; pour Descartes, c’est son fameux axiome, plus profond encore que celui du philosophe grec. C’est un fait logique d’une certitude et d’une vérité indéniables, fût-ce au scepticisme le plus obstiné, qu’une même chose ne peut tout ensemble être et n’être pas. Cette base peut supporter tout l’édifice de la connaissance humaine ; il n’y a pas dans l’intelligence une seule notion qui ne doive s’y appuyer. Mais, si ce principe est de soi évident, combien l’intelligence qui le découvre et le sanctionne, n’est-elle pas encore plus évidente que lui ? Sans doute, le principe éclaire l’esprit qui le conçoit ; mais, sans l’esprit qui discerne et proclame l’évidence, que seraient, et l’évidence, elle principe ? Si l’esprit reçoit de la lumière, c’est lui d’abord qui la donne ; et le principe resterait à jamais caché et obscur, si l’intelligence ne le faisait pas sortir des ténèbres, en y projetant sa propre clarté.