Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ainsi, l’axiome cartésien va aussi loin qu’il est possible d’aller ; la raison, parvenue à cette limite dernière, ne peut la dépasser ; elle s’affirme en se saisissant, et fait ainsi acte de foi à elle-même. C’est le nec plus ultra, qu’on ne peut franchir sans tomber dans les abîmes ; c’est l’inconcussum, qu’on ne peut renverser sans renverser tout le reste. Il n’y a que le Mysticisme qui essaye ce suicide de la raison, et qui répudie la réflexion, pour s’abandonner sans réserve à l’instinct du sentiment, qui est bien aussi une trace de Dieu dans l’homme, mais une trace d’un ordre inférieur. Ce qui confère à l’axiome cartésien un immense avantage sur le principe de contradiction, sur tout autre principe quel qu’il puisse être, c’est qu’il n’est pas seulement un fait de logique ; il est, en outre, un fait vivant et actuel. Aristote voyait dans la pensée de la pensée l’acte éternel de la vie divine. Le « Je pense, donc je suis » est bien aussi la pensée de la pensée. La seule différence, c’est que l’infirmité humaine a des bornes ; et que, au lieu d’un acte éternel et