Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/135

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immobile, comme celui de Dieu, l’homme n’a qu’un acte passager et sujet à mille variations. Mais, à l’instant où l’homme pense sa propre pensée, cet acte, bien que fugitif, lui révèle son existence. Son être est essentiellement sa pensée ; elles deux phénomènes se confondent si bien qu’ils sont absolument inséparables, pour la syllogistique la plus subtile. Descartes ne distingue pas la pensée et l’existence ; il les identifie.

Quiconque veut s’entendre avec soi-même ne peut plus adopter un autre point de départ. Si l’on redoute les atteintes délétères du Scepticisme, on ne découvrira pas de remède plus salutaire. Il est déjà bien difficile au sceptique de nier le principe de contradiction, puisque c’est nier ses propres arguments. Nier sa pensée est d’une impossibilité absolue, au moment où l’on s’en sert. Si l’on se permet cette puérile bravade, le mieux serait encore d’imiter le silence de Cratyle. Mais, alors, on abdique sa nature d’homme, et l’on se réduit à cet état de matière inerte dont parle Aristote, dans sa lutte contre les Sophistes de son temps. Descartes