Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/189

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c’est le Protestantisme de Luther et de Calvin. Platon formait déjà un vœu irréalisable, en disant que les peuples ne seraient heureux que quand leurs chefs seraient philosophes. Mais espérer que tous les hommes deviendront philosophes, c’est-à-dire, que tous les hommes se formeront à eux-mêmes leurs croyances personnelles, au lieu des croyances nationales, n’est-ce pas un rêve, qui est cent fois plus creux, et qui, dans bien des circonstances, pourrait devenir un danger social ?

Il faut donc que la philosophie et la religion se tolèrent mutuellement, puisqu’elles sont, ainsi qu’on l’a si bien dit (17), « deux sœurs immortelles ». Elles ont toujours été, elles seront toujours contemporaines ; et, quoique leur influence soit essentiellement diverse, elles sont toutes deux indispensables à l’esprit humain. Elles satisfont des besoins également nécessaires ; et c’est là ce qui fait qu’elles ne peuvent pas mourir, l’une plus que l’autre. L’accord semblerait devoir être