Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/191

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dans l’Ancien Testament, et même dans le Nouveau. Défendre la lecture sainte aux profanes, et la réserver à des adeptes, ne prouve pas non plus une assurance complète. Le Veda ne peut être lu que par les Brahmanes ; le Catholicisme a toujours vu d’un œil inquiet les traductions en langue vulgaire. Aujourd’hui même, il n’autorise que les traductions du latin de saint Jérôme ; celles de l’hébreu ou du grec des Septante sont presque suspectes. Puisque la religion a tant de scrupules, ce serait un motif pour elle de permettre à d’autres d’en avoir à son exemple. Mais la seule pensée d’une telle concession révolte les églises ; et l’on doit convenir qu’il est assez naturel qu’elles ne la fassent jamais ; on dirait qu’elles préfèrent appliquer la fameuse sentence : « Sint ut sunt, aut non sint. »

La philosophie qui, toute modestie à part, peut avoir la conscience d’être, en général, plus raisonnable, se fait honneur en montrant plus de condescendance qu’on n’en a pour elle, quand elle croit devoir s’écarter de son objet propre pour discuter et critiquer