Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/207

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Ce ne sont pas seulement Descartes, Spinoza, Leibniz et tous les métaphysiciens modernes, qui seraient étonnés d’apprendre que la Philosophie première n’est pas une science. Quelle surprise non moins grande ne ressentirait pas l’Antiquité tout entière, elle qui, si longtemps, n’a pas séparé le savant du philosophe, et qui les réunissait sous un même nom, dans une seule et même estime ! Aristote, qui n’avait point à répondre aux objections qu’on fait depuis peu à la Métaphysique, se pose, cependant, la question à peu près comme nous sommes obligés de nous la poser ; il la résout par quatre ou cinq arguments, plus forts les uns que les autres.

Il est bon de les rappeler, en les résumant, pour édifier nos savants, à qui la Métaphysique inspire de si violentes répulsions.

D’abord, selon lui, la science générale est plus science que la science particulière, parce que, quand on sait la généralité, on sait aussi, en une certaine mesure, tous les cas particuliers qu’elle comprend. En second lieu, la science générale est la plus rationnelle ; or, c’est surtout la raison qui fait