Aller au contenu

Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pour les autres. La faculté de la conscience est bien la même pour nous tous ; et la perdre, c’est cesser d’être homme. Mais l’emploi de cette -faculté varie avec chacun de nous, d’un individu à un autre individu. La conscience de Spinoza ne voyait pas les choses sous le même jour que la conscience de Descartes, ou celle de Leibniz. Lequel d’entre eux a le mieux vu la vérité ? C’est au genre humain de décider, comme il décide entre les religions, en embrassant les unes et en repoussant les autres. La seule différence, c’est que, pour les religions, ce sont des multitudes innombrables et sans lumières, qui cèdent à leur irrésistible et sublime instinct, tandis que, pour les philosophies, les esprits réfléchis qui les créent, ou qui les adoptent, sont nécessairement en très petit nombre. Mais, c’est l’élite. La philosophie peut le dire sans immodestie, puisque, parmi les siens, elle compte en même temps un esclave, dans Épictète, et le maître du monde, dans Marc-Aurèle.

Voilà donc en quel sens la Métaphysique est une science, et en quel sens elle ne l’est