Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/227

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à l’homme la connaissance des causes est une autre forme de scepticisme ; et sur cette pente, si la science s’y laissait entraîner, elle en arriverait bientôt au suicide moral que le Scepticisme n’évite jamais. La Métaphysique ne peut-elle pas adresser à la science cet avis, en retour de ceux que la science veut bien lui donner quelquefois ?

La religion et la science sont donc à peu près aussi peu bien bienveillantes l’une que l’autre pour la Métaphysique, par haine ou par dédain. Mais qu’elles aient tort ou qu’elles aient raison, il se trouve qu’elles sont également impuissantes. La philosophie n’a été étouffée, ni par les persécutions, dont, au reste, elle ne se plaint guère, parce qu’elle plaint davantage les persécuteurs, ni par les railleries de la science et de la foule. En fait, elle a poursuivi et poursuivra son œuvre, parce que l’esprit humain ne cessera jamais de vouloir élucider et résoudre de tels problèmes. Ce besoin inextinguible, qu’on peut blâmer, mais qu’on ne saurait nier, garantit à la Métaphysique sa durée, en même temps que sa force bienfaisante. Du