Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/228

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moins, la religion, en lui contestant son droit, par un sentiment peu généreux de jalousie, ne conteste pas l’importance suprême des questions débattues ; elle tendrait plutôt à l’exagérer. Mais que penser de la science, quand elle n’entend admettre d’autre compétence que la sienne, et quand, perdue dans les détails d’une analyse sans fin, elle veut qu’on oublie l’ensemble, qui seul donne à ces détails une place et un sens ? On peut toujours, et souvent à bon droit, critiquer les métaphysiciens et leurs systèmes ; mais critiquer la Métaphysique, c’est une aberration inconcevable.

Un obstacle qui est beaucoup plus sérieux que ceux-là, sans être insurmontable cependant, c’est la nature même des études philosophiques. Ouverte à tous, aussi bien que le reste des sciences, la philosophie semblerait plus abordable qu’aucune d’elles, puisque chacun de nous porte en soi tous les éléments qui la forment : « Les Dieux, dit Sénèque, dans une de ses Lettres admirables au jeune Lucilius, n’ont concédé à personne la connaissance spontanée de la