Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/38

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dans leur prétention d’organiser le monde par des nombres, ils ont imaginé des faits arbitraires, quand les faits réels les contredisaient. Ainsi, la Décade à laquelle ils attachent avec raison la plus grande importance, en tant que fondement de la numération, doit, selon eux, se reproduire dans le nombre des corps célestes et des sphères. Mais il n’y a en tout que neuf de ces corps, d’après la science de ces temps reculés : les cinq planètes, le soleil, la terre, la lune et le ciel des étoiles fixes. Où est le dixième corps ? Les Pythagoriciens l’inventent ; et ils donnent à la terre un contraire, un corps invisible, qui y est opposé, et qu’ils nomment l’Anti-terre, Antichthôn. Il peut être fort commode de suppléer ainsi les choses, et de combler ses propres lacunes par des mots. Mais la science ne s’arrange pas aussi aisément de ces solutions trop peu sérieuses ; et la nature s’en arrange encore moins que la science imparfaite de l’homme.

Sur cette pente, les Pythagoriciens ne pouvaient pas se retenir. A ces premières erreurs, ils en ont ajouté bien d’autres. On