il est singulier de passer sous silence une doctrine dont un homme de génie ne devait point méconnaître la portée. Aristote, certainement, n’a pas voulu diminuer la gloire du Pythagorisme ; mais on peut trouver qu’il l’a mutilée. Ce n’est pas de parti pris ; et c’est une suite de la différence extrême de son point de vue personnel. On se cède toujours un peu trop à soi-même, tout en voulant ne rien ôter à autrui de ce qui lui appartient.
Si c’est là une excuse en faveur d’Aristote à l’égard des Pythagoriciens, ce doit, à plus forte raison, en être une pour sa polémique contre Platon. A ne consulter que la Métaphysique, le Platonisme ne serait rien en dehors de la théorie des Idées ; il semblerait que cette théorie le remplit à elle seule tout entier ; et que, sans elle, Platon n’existe plus ; c’est à elle qu’il aurait réduit toute sa philosophie première. Par bonheur, les monuments démontrent le contraire ; et n’eussions-nous que le Timée, c’en serait assez pour attester qu’on se méprend étrangement, en imposant à la pensée Platonicienne de si étroites entraves. Aristote a commis ici une