Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/54

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beauté en soi, une et parfaite, sans aucune limite, sans aucune de ces défaillances des beautés particulières, ne doit-elle pas être incomparablement plus belle ? est-il rien qui puisse l’altérer et la corrompre ? Et si les belles choses, imparfaites comme elles le sont toujours, nous ravissent d’admiration, de quels ravissements la beauté en soi, la beauté divine, ne pénètre-t-elle pas l’âme qui est capable de la concevoir et de la sentir !

Ce qu’on dit de la beauté, au-dessus, si ce n’est en dehors, des choses belles, on le dirait de toutes les autres Idées. La justice en soi serait-elle moins juste que les actions justes ? Le bien en soi serait-il moins bon que les choses bonnes ? Et cette Idée du bien n’est-elle pas la plus haute de toutes les Idées, celle à laquelle tendent et se rattachent toutes les autres sans exception, l’Idée qui doit régler la vie de l’homme, qui régit la nature tout entière, qui gouverne l’univers, et qui est, on peut dire, la loi même de Dieu, si toutefois les regards humains peuvent s’arrêter sur de telles splendeurs, sans en être aveuglés, comme les imprudents