Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/71

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trois exemplaires, de l’Homme-en-soi, de l’Animal et du Bipède ? Si l’être qui participe de l’Idée et l’Idée dont il participe sont d’un même genre, n’y a-t-il pas, dès lors, pour ces deux termes, un terme commun et supérieur, qui s’applique tout aussi bien au participé qu’au participant ? S’il n’y a pas de genre commun aux deux, alors l’être et l’Idée ne sont-ils pas homonymes ? Y a-t-il là une autre relation qu’une identité d’appellation purement verbale ? Dire l’Homme-en-soi, le Cheval-en-soi, le Cheval-même, l’Homme-même, n’est-ce pas une forme de langage parfaitement insignifiante ? Et que croit-on ajouter ainsi aux expressions ordinaires dont tout le monde se sert, l’homme, le cheval ?

De tout cela, Aristote croit pouvoir assurer que la théorie des Idées n’est qu’une accumulation de mots vides de sens, et de métaphores bonnes tout au plus pour les poètes. Il va jusqu’à déclarer que cette théorie, par trop logique, brave toute raison. Cette réprobation péremptoire peut être vraie, quand on suppose les Idées séparées ; mais, encore une fois, ce n’est pas ainsi que Platon les a