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Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/82

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était ; mais c’est nous qui avons changé, par une de ces modifications que nous n’observons pas, et qui bouleversent notre sensibilité. Il n’en est pas moins vrai que notre seconde sensation nous donne un goût amer, là où la sensation précédente nous avait donné une saveur agréable. Mais ce sont des sensations successives. Qui ne sait combien les changements de ce genre sont plus fréquents et plus actifs dans nos maladies, ou nos infirmités ? Est-ce la maladie, est-ce la santé qu’on prendra pour arbitre ? Et pour peu qu’on s’observe soi-même, n’est-ce pas à soi qu’on rapportera ce brusque revirement, où les choses ne sont absolument pour rien ? Parfois même, il est possible que nos deux yeux né voient pas tout-à-fait d’une façon pareille ; et alors, auquel des deux faudra-t-il nous en rapporter ?

Bien plus, l’homme n’est pas le seul être sensible ; il n’a pas le privilège exclusif de la sensation. Les animaux sentent ainsi que lui ; et, à certains égards, beaucoup mieux que lui. Invoquera-t-on, pour juger de la nature des choses, l’exemple des animaux, élevés