Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
SIMILIA SIMILIBUS

Le moins bruyant des rieurs, et pour cause peut-être, a été le personnage occupant le haut bout de la table, évidemment le maître de la maison ; comme on dit, il rigole en dedans.

Son voisin et sa voisine de droite — deux jeunesses rougissantes qui ne sont apparemment pas frère et sœur, s’il faut en juger par les œillades langoureuses qu’ils ne cessent d’échanger — n’ont pas paru saisir le sel de la plaisanterie exactement de la même façon. Le premier a encore sur les lèvres ce curieux rictus qu’on appelle le rire jaune ; l’autre s’est contentée d’une moue charmante, accompagnée d’un regard chargé de reproche à l’adresse de l’amphitryon.

Leur vis-à-vis, solennel invité en frac noir et cravate blanche, à qui l’on dit : « Monsieur le notaire » gros comme le bras, a failli s’oublier, mais l’importance de ses fonctions l’a retenu à temps ; il a fini par esquisser un large sourire empreint de dignité, après quoi il n’a plus guère desserré les dents que pour faire honneur aux appétissantes victuailles dont la nappe est littéralement couverte.

Mais les sept ou huit autres convives s’en sont