Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/202

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

on lui prend sa canne et on l’en frappe violemment à la tête. Enfin, vers onze heures, on le fait comparaître devant trois officiers. L’un d’eux l’interroge, persiste à l’accuser d’avoir tiré ou fait tirer sur les Allemands, et le prévient qu’il va mourir. M. O… s’approche alors de ses compagnons de captivité, leur remet ses papiers et son argent, leur serre la main et, très dignement, leur fait ses adieux. Il revient, ensuite auprès des officiers. Sur l’ordre de ceux-ci, deux soldats l’entraînent à une trentaine de pas et lui mettent deux balles dans la tête. Les meurtriers creusent ensuite légèrement le sol et jettent sur le cadavre une couche de terre si mince que les pieds ne sont pas recouverts.[1]

À tant d’horreurs où la bête s’était surpassée, il fallait une réponse surhumaine. Ceux qui la trouvèrent n’étaient pas de grands savants, ne se prenaient pas eux-mêmes pour des surhommes. Ce furent de simples hommes des champs qui

  1. Ceci est textuellement, mutatis mutandi, le compte rendu officiel de la mort héroïque de M. Odent, maire de Senlis, tel que consigné au rapport de la « Commission instituée en vue de constater les actes commis par l’ennemi en violation du droit des gens. » (Journal officiel de la République Française, en date du 8 janvier 1915.)