Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/211

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étaient détenus comme de vulgaires prisonniers dans les baraques provisoires de la citadelle, où ils n’avaient la permission de recevoir personne autre que les gardiens qui leur apportaient à manger à heures fixes.

Outre les corps de garde établis aux différents postes de police de la ville, des agents secrets, les seuls permissionnaires de nuit, faisaient le guet un peu partout, surtout dans les quartiers excentriques, qui généralement, cause de leur isolement, sont les plus suspects dans les temps de guerre et de conspiration.

L’attention de ces argus de gouttière était parfois mise en éveil par des éclats de voix perçus à travers les persiennes de quelque habitation d’apparence louche.

Comme ils avaient pleins pouvoirs, ils se faisaient ouvrir bon gré malgré, entraient comme chez eux, furetaient d’une pièce à l’autre, n’y découvraient le plus souvent qu’un paisible ménage en train de faire la partie de cartes ou d’écouter la lecture du feuilleton d’un vieux numéro de journal ; alors ils s’en retournaient bredouille, mais toujours en se grattant l’oreille, se demandant s’ils n’avaient pas été dépistés.