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SIMILIA SIMILIBUS

remment par les rues noires ou éclairées. Comme les chats, elle portait son propre flambeau.

Dans cette immense ruée humaine, il n’y avait pas de lâches ; on est toujours plus brave quand on se sent les coudes, en nombreuse compagnie, et ce soir-là c’était une compagnie d’au moins cinquante mille bons lurons, jeunes et vieux ; il s’y trouvait des enfants de douze à quinze ans, des femmes même, tous courant à la bataille comme à une noce.

Personne ne songeait à reculer, bien que la foudre du ciel se fût mise de la partie, joignant ses aveuglantes fulgurations et ses terrifiantes canonnades au grondement prolongé de cet autre tonnerre populaire, qui tout à l’heure ferait éclater le suprême éclair de la mort dans plus d’un œil épouvanté au seuil de l’abîme éternel.

À mesure que cette multitude effrénée approchait du but vers lequel elle convergeait de plus en plus pressée et furieuse, des bruits de fusillade plus ou moins lointaine se mêlaient aux roulements intermittents du tonnerre.

C’était l’avant-garde des assaillants qui avait fini par forcer les portes de fer de la forteresse.