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À SAUVAGES, SAUVAGES ET DEMI !

L’ex-capitaine Franz Bulow Meyer — car il avait jeté loin de lui son casque à pique, ses brandebourgs, jusqu’à son épée — avait été fidèle à sa parole.

Échevelé, ruisselant d’eau de la tête aux pieds, mais brûlant de fièvre, ayant dans les yeux cette fixité extatique particulière aux somnambules, il allait droit devant lui, comme en rêve, à la tête d’au moins un millier de citoyens auxquels il avait dès le début de la soirée livré un arsenal plein de fusils et de munitions.

Derrière cette troupe martiale se pressait, dans le chemin creux bien connu qui mène à l’entrée principale de la citadelle, tout un peuple armé de bâtons, de couteaux de boucherie, de vieux flingots, de révolvers, de haches, de massues, de barres de fer, de tout ce qui lui était tombé sous la main. La garde avait eu à peine le temps de donner l’alarme. La garnison était prise au piège.

Que pouvait cette poignée d’hommes contre la meute enragée qui emplissait déjà le carré de la forteresse et avançait toujours en criant : « Mort aux assassins ! À bas les assommeurs ! » Pour un qui tombait, il s’en dressait dix.