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SIMILIA SIMILIBUS

Par les fenêtres toutes grandes ouvertes du côté de l’eau, arrivaient des bouffées de fraîcheur chargées de ces bonnes senteurs de fenaison et de floraison qui sont comme l’haleine de la terre sommeillante après les chaudes et laborieuses journées de juillet.

Du haut des collines d’en arrière, les derniers traits de feu du jour mourant achèvent de coucher sur le tapis vert des prés les ombres des choses, en silhouettes fantastiques, démesurées, qui semblent courir vers la nuit en rampant à travers champs et vont bientôt se fondre les unes dans les autres.

Tout à l’heure, l’angélus, carillonné de tous les clochers de la côte, a annoncé la fin du jour, et, depuis que d’une paroisse à l’autre on s’est ainsi dit bonsoir, le silence paraît plus profond au sein de cette nature champêtre. Il n’est plus guère interrompu que par les meuglements isolés de quelque troupeau attardé, par la joyeuse chanson d’un moissonneur regagnant le logis, ou par le sourd roulement d’un tramway filant à toute vitesse sur la voie ferrée qui longe le bord de l’eau.