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SIMILIA SIMILIBUS

matinale moins achalandée que d’ordinaire, sans toutefois être tout à fait déserte.

On y apercevait çà et là quelques-uns des conquérants, les uns flânant sur les banquettes le sabre entre les jambes, d’autres paresseusement adossés à la balustrade du bord, causant bruyamment entre eux, se donnant mutuellement du herr hauptmann ou du herr oberstlieutenant, sans jamais manquer, comme de raison, de nuancer d’un ton la distance hiérarchique qui sépare ces grades l’un de l’autre. Autre distinction non moins perceptible : dans la manière de porter le harnachement de guerre, la différence était frappante entre le junker fraîchement arrivé de Prusse, et le German-American raccolé pour la circonstance dans quelque brasserie de Milwaukee ou quelque machine-shop de Pittsburg : — le premier rigidement moulé dans sa tunique, l’autre mal à l’aise et gauche dans l’uniforme d’occasion qu’il avait dû se procurer à la hâte sur réception de l’ordre secret qui l’appelait inopinément au service et lui enjoignait de se rapporter à date fixe à Québec.

Après le petit déjeuner matinal, les plus hardis