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UN TOURNOI

de ces pensionnaires armés de pied en cap se risquent peu à peu dans les rues voisines.

Parmi eux se trouvent sans doute des critiques d’art. Le monocle à l’œil, ils toisent Champlain d’abord, puis Laval d’un air entendu et dédaigneux ; il y a beau temps qu’il ne se fait plus de ces petits monuments d’enfant en Allemagne. Ils voudraient voir la tête que feraient les petits Canadiens en présence de la gigantesque statue équestre de Guillaume Ier sur la Place du palais impérial à Berlin.[1]

Notre cathédrale du 17ième siècle, nos vieilles maisons du temps des Français ne leur disent rien qui vaille. Le massif du grand hôtel lui-même leur fait pitié : servile plagiat des châteaux Renaissance de la Loire, voilà tout.

— Ah ! s’écrie tout à coup l’un de ces herr professors, voici au moins qui nous rappelle un peu le Vaderland.

  1. Un ami qui a visité Berlin nous raconte que son guide allemand voulut à tout prix lui faire admirer chaque détail de cette merveille de lourdeur. Après lui avoir signalé les statues allégoriques qui ornent la base du monument, le buveur de bière lui dit avec un gros rire épais : Surtout, remarquez où l’artiste a mis la Paix ! juste sous la queue du cheval de l’Empereur !… Preuve du bon goût prussien.