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INTRODUCTION



I


« S’il s’est conservé quelque part, en Gaule, des bardes, et des bardes en possession de traditions druidiques, ce n’a pu être que dans l’Armorique, dans cette province qui a formé, pendant plusieurs siècles, un État indépendant, et qui, malgré sa réunion à la France, est restée celtique et gauloise de physionomie, de costume et de langue, jusqu’à nos jours[1] ! »

Telle est l’opinion d’un critique français trop tôt ravi à la science et à ses amis. Quelque peu ambitieuse qu’elle soit, elle eût passé, près des savants du dernier siècle, pour une hypothèse absurde ; les anciens Bretons étant à leurs yeux des barbares « qui ne cultivaient point les muses, et leur langue, à en juger par celle des Bretons d’aujourd’hui, un jargon grossier qui ne paraît pas pouvoir se prêter à la mesure, à la douceur et à l’harmonie des vers[2]. »

Ainsi pensaient les hommes éclairés de cette époque ; ils mettaient de niveau, dans l’ordre des intelligences, l’Armori-

  1. J. J. Ampère, Histoire littéraire de la France, t. I, p. 78.
  2. Dictionnaire Breton, préface de D. Taillandier, religieux bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, p. 9.