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xiii
INTRODUCTION.

elle accueille gracieusement le rameau de bouleau fleuri, couronne des vieux bardes, que la muse bretonne, longtemps fugitive et proscrite, vient lui offrir à son tour.


II


Quoiqu’il ne soit pas de mon sujet d’écrire l’histoire des anciens bardes, il me semble indispensable, pour l’intelligence des considérations dans lesquelles je vais entrer, de placer ici un petit nombre d’observations sommaires sur leur langue, leur état et leur condition dans l’île de Bretagne, dans la Gaule et dans l’Armorique.

Mais une première question se présente :

Les bardes antérieurs à l’ère chrétienne sont-ils bien les ancêtres des bardes de nos jours, et leur langue est-elle l’aïeule de la langue de ces derniers ?

J’ai essayé de répondre ailleurs[1] à cette question importante que d’autres philologues ont traitée depuis de manière à satisfaire les juges les plus prévenus et à fixer enfin l’opinion de l’Europe savante[2] ; on me permettra donc de ne pas rentrer aujourd’hui dans la discussion des faits, et de me borner à reproduire les conclusions de la science.

Un certain nombre de mots cités par les écrivains grecs ou latins comme appartenant à la langue des bardes de la Gaule ou de l’île de Bretagne, à commencer par leur nom lui-même[3], se retrouvent, avec le sens qu’ils leur donnent, dans la bouche

  1. Essai sur l’histoire de la langue bretonne depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, servant d’introduction aux Dictionnaires français-breton et breton-français et à la Grammaire de le Gonidec, 2 vol. in-4o.
  2. A l’inappréciable Grammatica celtica de Zeuss, il faut joindre les belles études de Jacob Grimm, de Gluck, Diefenbach, Adolphe Pietet et Whitley Stokes
  3. Bardus, gallice, cantor appellatur. (Pomponius Festus, lib. II.)