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XX


LE ROSSIGNOL
— DIALECTE DE LÉON




ARGUMENT

Cette ballade étant connue de Marie de France, et déjà populaire à l’époque où vivait ce charmant trouvère, qui l’a imitée, nous n’hésitons pas à la croire antérieure au treizième siècle. Nous l’avons entendu chanter en Cornouaille, dans les montagnes d’Arez ; mais elle a dû être composée en Léon, car elle appartient plus particulièrement au dialecte de ce pays. L’événement qui en est le sujet a peu d’importance en lui-même. Le chanteur breton ne fait que l’indiquer, Marie de France le délaye.

Une dame de Saint-Malo aime un jeune homme et en est aimée : elle se lève souvent la nuit pour aller causer avec lui à la fenêtre, et les rues de la ville sont tellement étroites, les pignons tellement rapprochés, qu’elle peut lui parler à voix basse. Mais le mari, qui est un vieillard, et un peu jaloux, comme beaucoup le sont, se doute de quelque chose, prend l’éveil et interroge sa jeune femme. Celle-ci répond qu’elle se lève pour écouter un rossignol qui chante dans le jardin. Feignant de donner dans le piège, le vieux mari l’ait tendre des lacets. Par le plus grand hasard, un rossignol s’y trouve pris ; il l’apporte à sa femme, l’étouffe sous ses yeux et lui ôte ainsi tout prétexte de se lever à l’avenir.


La jeune épouse de Saint-Malo pleurait hier à sa fenêtre haute :

— Hélas ! hélas ! je suis perdue ! mon pauvre rossignol est tué !

— Dites-moi, ma nouvelle épouse, pourquoi donc vous levez-vous si souvent,