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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


Après cette cérémonie curieuse, le poète appelle sur la fiancée la bénédiction de Dieu, de la sainte Vierge, des anges, de tous les aïeux de génération en génération jusqu’au grand-pére, aux pieds duquel elle sanglote agenouillée. La fille d’honneur la relève ; le breutaer lui met la main dans celle de son fiancé, leur fait échanger leurs anneaux, et se jurer d’être unis sur la terre comme le doigt l'est a la bague, afin de l’être dans le ciel ; il récite ensuite à haute voix le Pater, l'Ave, le De profundis. Peu d’instants après, la fiancée paraît sur le seuil de la porte, conduite par le garçon d’honneur, les bras entourés d’autant de galons d’argent qu’elle reçoit de mille livres en dot. Le fiancé vient après avec la fille d’honneur, les parents les suivent ; le bazvalan va prendre le cheval du futur, l’amène au bas du perron, et le lui tient par la bride tandis qu’il monte ; le breutaer prend la fiancée dans ses bras, et la fait asseoir derrière son mari. Les valets amènent ainsi successivement leur cheval à chacune des personnes de la maison ; puis ils ouvrent les barrières, et tout le monde part au galop pour l’église du bourg. Le premier rendu à un terme fixé doit gagner un mouton, le second des rubans.

En certains cantons, quand le recteur quitte l’autel pour se rendre à la sacristie, les époux et les parents l’y suivent ; le garçon d’honneur porte au bras un panier couvert d’une serviette blanche. Le prêtre en tire un pain blanc, sur lequel il fait le signe de la croix avec la pointe d’un couteau, en coupe un morceau, le rompt et le partage entre les époux. Ensuite il prend dans le même panier une bouteille de vin, en verse dans un hanap d’argent quelques gouttes au mari, qui boit, et passe le hanap à sa femme.

Au sortir de l’église, les gens de la noce sont salués par cent coups de fusil, et regagnent, au son des bombardes, des biniou et du tambourin, la demeure de la mariée, où les attend le gala. Les chambres sont pavoisées de draps blancs ornés de bouquets et de guirlandes ; des tables sans nombre sont dressées au dedans et au dehors. La mariée est placée, au bout de l’une d’elles, sous une niche de verdure et de fleurs ; on la prendrait pour une sainte dans ses habits de fête. Au moment de se mettre à table, un vieillard récite le Benedicite ; chaque service est précédé d’un air de biniou et suivi de danses. Au dessert, les convives ne se lèvent plus, et passent la nuit à table.